[Focus adhérent] La réalité virtuelle pour raviver les souvenirs des personnes âgées

Pour améliorer la qualité de vie des seniors, les acteurs bretons du secteur de la e-santé apportent des solutions innovantes. Le casque de réalité virtuelle de Live Out en est un bel exemple. La société collabore avec des scientifiques et des établissements pour personnes âgées, toujours au plus près des besoins des utilisateurs.

Rencontre avec Vincent Gérard, dirigeant-fondateur de Live Out

Partir en balade au volant d’une 2 CV, aller cueillir des champignons, se promener dans les champs au milieu des vaches, sauter en parachute…Ces activités, des personnes âgées les font régulièrement. Avec plaisir et sans difficulté, dans les établissements qui les accueillent, grâce à un casque de réalité virtuelle. Implantée à Saint-Brieuc (22), la société Live Out commercialise le procédé, conçoit et réalise les contenus qui vont plonger les utilisateurs dans un monde quasi réel. L’intérêt du dispositif ? « Il y en a plusieurs*, mais il permet notamment de stimuler la mémoire ancienne pour entretenir les fonctions cognitives », explique Vincent Gérard, dirigeant-fondateur. Sept ans après son lancement, la solution a pris racine dans plus de 200 EHPAD et résidences seniors français.

Des outils de gamers pour les personnes âgées

Tout a commencé en 2015. Face au constat de dégradation de la mémoire, de l’attention et de la santé mentale d’une population vieillissante lorsqu’elle n’est pas suffisamment stimulée émotionnellement,Vincent Gérard s’interroge : « et si les technologies de la réalité virtuelle, sur lesquelles je travaillais, pouvaient apporter une solution ? Personne ne s’intéressait à ce sujet, les références scientifiques étaient inexistantes », se souvient le titulaire d’un Master 2 en ergonomie des interfaces machines. Son idée : « proposer un dispositif facile à utiliser, accessible financièrement, adapté aux besoins des utilisateurs. »

La Bretagne, écosystème accueillant pour la e-santé

Pour l’évaluer, Vincent cherche une structure prête à le recevoir pendant un an, pour être au plus près des personnes âgées. « J’avais également besoin de collaborer avec des chercheurs pour valider scientifiquement ce qui n’était qu’une hypothèse, poursuit-il. J’ai commencé à démarcher en Touraine, où je vivais. » Et alors ? « On m’a ri au nez pendant un an, se souvient-il en souriant. Ma famille bretonne m’a conseillé de tenter ma chance à Saint-Brieuc : je m’y suis installé et deux jours plus tard, j’avais l’accord d’un établissement hospitalier pour une collaboration d’un an. Dans la foulée, j’ai bénéficié de l’accompagnement d’Emergys Bretagne, puis d’une bourse French Tech. En 2017, on commercialisait notre premier produit. »

Trouver des leviers de réminiscence

Live Out compte aujourd’hui huit salariés et collabore avec des chercheurs spécialisés en psychologie, gériatrie et psychiatrie, pour mesurer les observations. « Avec notre solution, on arrive à activer les leviers de mémoire ancienne, dit le dirigeant. On a observé, puis mesuré, qu’en visionnant certains contenus, les personnes se mettaient à parler, à tisser du lien avec l’extérieur. On a également observé que la typologie des contenus qu’on fabrique influe sur cette dynamique. Proposer une baignade avec les dauphins quand 80 % des résidents en EHPAD n’en ont jamais vus, ça n’a aucun sens. Mais permettre à un ancien para de revivre un saut en parachute, diffuser des images et des sons d’un Pardon breton à des personnes qui l’ont vécu, ça fonctionne. Nous travaillons avec nos utilisateurs et leur encadrement, nous étudions leur territoire et leurs souvenirs pour retrouver des leviers de réminiscence. Chaque mois, nous produisons trois nouveaux contenus. »

Traiter la dépression

Live Out collabore actuellement avec le CHU de Rennes sur un sujet qui met en scène un train à vapeur. « Nous avons créé quatre contenus différents pour ce sujet, que nous diffusons à un panel d’utilisateurs, raconte Vincent Gérard. On note qu’un contenu va plutôt agir sur le mouvement, un autre sur la réminiscence…Selon ce qu’on met devant la rétine des gens, on interagit sur le cerveau de façon différente. C’est difficile à caractériser, et nous en sommes encore au stade de l’observation. Mais les chercheurs y voient des pistes prometteuses pour le traitement de la dépression chez la personne âgée, comme thérapie alternative au tout chimique. »


*Disponible à la vente ou à la location de courte ou longue durée, utilisable sans Wifi, la PanamaBox de Live Out est multifonction. Outil d’activation de la mémoire, mais aussi d’animation, de divertissement, il peut apaiser un résident agité, détourner l’attention lors de soins…

Plus d’informations > www.live-out.com

Publié le 30/01/2024

Lire aussi :