La filière algues bretonne se positionne comme un véritable moteur de l’économie bleue et de l’innovation. Avec le projet européen Biochains Atlantic (démarré ce mois d’octobre), porté en Bretagne par Biotech Santé Bretagne, les acteurs locaux bénéficieront d’un accompagnement unique pour valoriser leurs ressources, renforcer leur compétitivité et développer de nouvelles collaborations à l’échelle de l’Atlantique. De la cartographie des acteurs aux modèles de chaînes de valeur, en passant par un outil numérique intelligent et des événements de networking, ce projet offre aux entreprises bretonnes tous les leviers pour innover et rayonner sur les marchés européens de l’alimentation et des cosmétiques.

Rencontre avec les deux porteurs du projet chez Biotech Santé Bretagne : Gorenka Bojadzija Savic, Chargée de développement et de projets européens – Innovation Biotech et Stéphane Tarrade, Chargé de projets transformation des biomasses.
Comment est née l’idée d’un tel projet autour de la biomasse algale ?
Stéphane Tarrade :
Ces dernières années, l’intérêt pour les biomasses s’est fortement développé. Elles apparaissent comme une ressource clé pour relever les grands défis de la transition écologique et sociétale. On en parle de plus en plus dans les études, les rapports ou encore les schémas régionaux, qui mettent en avant les gisements et les usages possibles. Mais, sur le terrain, les choses sont souvent plus compliquées : il n’est pas toujours facile d’identifier les ressources disponibles, de stabiliser la biomasse, de gérer la saisonnalité, le stockage ou encore la logistique.
En Bretagne, le sujet est particulièrement important car la région dispose d’un atout attrayant : la biomasse algale, très présente sur nos littoraux.
En 2021, l’activité autour des macroalgues en Bretagne (surtout dans le Finistère et les Côtes-d’Armor) a représenté plus de 70 000 tonnes d’algues récoltées, essentiellement en mer. Une petite partie vient des rives, et une fraction encore plus réduite de l’algoculture.
Ces algues sont variées : on trouve beaucoup d’algues brunes comme les laminaires, utilisées en agroalimentaire et en cosmétique pour produire des alginates (additifs alimentaires E400 à E405). Mais on trouve également des algues vertes comme la laitue de mer, et des rouges comme la dulse ou la nori.
En 2019, la filière, de la récolte à la transformation, représentait déjà près de 880 emplois et environ 125 millions d’euros de chiffre d’affaires rien que sur le Pays de Brest.
De plus, à côté des macroalgues, on voit aussi se développer la production de microalgues comme la chlorelle ou la spiruline, mais aussi d’autres espèces qui permettent d’obtenir des molécules à forte valeur ajoutée, utiles dans différents secteurs.
C’est pour toutes ces raisons qu’avec BSB, nous avons choisi de participer à ce projet européen avec comme objectif de comparer les modèles développés sur l’arc atlantique et de contribuer à la pérennisation des filières liées aux biomasses algales
Quelles seront les retombées concrètes pour les acteurs en région ? Quels acteurs de la filière algues seront concernés ?
Gorenka Bojadzija Savic :
Le projet BIOCHAINS Atlantic apportera des bénéfices très concrets aux acteurs de la filière algues en Bretagne.
Une cartographie des acteurs dans la région Atlantique
L’un des principaux résultats du projet sera la création d’une carte interactive et complète des acteurs de la chaîne de valeur des algues dans l’Atlantique (Espagne, Portugal, France et Irlande). Pour les acteurs bretons, il ne s’agira pas simplement d’une base de données : cette carte mettra en avant leurs expertises, leurs capacités et leurs innovations au sein de l’écosystème européen des algues. Ce sera aussi un outil pratique pour se connecter avec des partenaires et identifier de nouvelles opportunités. Par exemple, une PME bretonne souhaitant entrer sur le marché irlandais des cosmétiques pourra utiliser la carte pour identifier directement des partenaires de transformation ou des distributeurs.
Des journées thématiques et événements de networking
Dans le cadre du projet, Biotech Santé Bretagne organisera des journées thématiques et des événements de mise en réseau, rassemblant des acteurs de toute la chaîne de valeur de la biomasse algale (avec un accent particulier sur l’alimentaire et les cosmétiques). Ces rencontres permettront aux acteurs bretons de gagner en visibilité, de créer des opportunités de collaboration et d’identifier des synergies avec d’autres parties prenantes.
Des modèles de chaînes de valeur et capitalisation des connaissances
Un autre résultat majeur sera le développement de modèles de chaînes de valeur de la biomasse algale — de véritables feuilles de route pour aider les acteurs à naviguer dans chaque étape, des bioressources jusqu’aux produits finaux dans des marchés comme l’alimentation et les cosmétiques.
💬 Biochains Atlantic en bref
Biochains Atlantic est un projet européen Interreg Atlantic Area (2023–2026) qui vise à renforcer les chaînes de valeur des biomasses algales sur l’ensemble de l’arc atlantique — de l’Espagne à l’Irlande, en passant par le Portugal et la France.
Son objectif : structurer, connecter et outiller les acteurs de la filière algues pour en faire un moteur de l’économie bleue durable.
Le projet s’articule autour de quatre grands axes :
🗺️ Cartographier les acteurs et ressources de la filière algues dans l’espace atlantique ;
🔗 Développer des modèles de chaînes de valeur et un outil numérique d’aide à la décision pour accompagner les entreprises ;
🤝 Favoriser les échanges grâce à des journées thématiques et des événements de networking ;
🌱 Renforcer la durabilité et la compétitivité du secteur à travers des analyses technico-économiques, environnementales et réglementaires.
En Bretagne, le projet est porté par Biotech Santé Bretagne, qui met en lumière les savoir-faire régionaux, anime le réseau d’acteurs et veille à ce que les bénéfices concrets du projet se traduisent sur le terrain : plus de visibilité, plus de connexions, et plus d’opportunités d’innovation.
Le projet Biochains Atlantic centralisera et harmonisera également des connaissances actuellement dispersées dans de nombreux projets européens. Cela évitera aux acteurs bretons de « réinventer la roue » et leur permettra de s’appuyer sur l’existant. Par exemple, une petite entreprise de cosmétiques pourra identifier rapidement les fournisseurs, les technologies et les démarches de conformité adaptés à ses besoins.
Ces modèles seront présentés de manière claire et visuelle (par exemple sous forme de diagrammes modulaires) et intégreront :
- les meilleures pratiques, outils, technologies et dernières recherches scientifiques, adaptés aux besoins des acteurs de chaque étape de la chaîne de valeur,
- les principaux acteurs de la chaîne dans l’Atlantique,
- des recommandations réglementaires pour naviguer dans les normes complexes de la région Atlantique.
Grâce au projet Biochains Atlantic, les acteurs bretons auront un point d’accès unique aux informations les plus récentes : acteurs, outils, connaissances, technologies et exigences réglementaires.
Un soutien personnalisé
Le projet ne se limitera pas à des ressources génériques : les partenaires adapteront les modèles pour offrir un accompagnement personnalisé aux acteurs tout au long du projet, jusqu’à sa clôture.
Un outil numérique générant des feuilles de route personnalisées
Pour assurer la continuité au-delà de la durée du projet, Biochains Atlantic développera un outil numérique intelligent d’aide à la décision. Basé sur les modèles de chaînes de valeur et les informations collectées, il générera des feuilles de route personnalisées pour les acteurs et restera librement accessible sur le site du projet et de ses partenaires.
Autres livrables sur les marchés, la rentabilité, le cycle de vie ou la réglementation
Les acteurs bretons bénéficieront également :
- d’un rapport sur les tendances du marché et des consommateurs (préférences, pratiques de durabilité, stratégies concurrentielles),
- des rapports d’analyses technico-économiques (TEA) sur la rentabilité,
- des rapports d’analyses de cycle de vie (ACV) sur l’impact environnemental,
- des recommandations réglementaires concrètes pour garantir la conformité dans les secteurs de l’alimentaire et des cosmétiques.
En résumé, le projet permettra aux acteurs bretons non seulement d’améliorer leur compétitivité interne, mais aussi de trouver les bons partenaires internationaux dans l’Atlantique et d’accéder aux connaissances, outils et réglementations les plus récents. Cette combinaison de visibilité, de collaboration et d’accès à l’innovation soutiendra directement le développement de la filière algues en Bretagne.
Comment les acteurs régionaux peuvent s’impliquer dans le projet ?
Stéphane Tarrade :
La réussite de ce projet dépendra surtout des acteurs impliqués, car l’idée est de travailler en bonne coordination avec toute la filière.
Les clusters et les centres techniques joueront un rôle clé : ils aideront à recenser les structures liées aux algues sur le territoire, à mieux comprendre le fonctionnement de la filière et à faire remonter les problématiques rencontrées.
Les producteurs et récoltants, eux, pourront décrire concrètement leur activité : les atouts du territoire, mais aussi les contraintes qu’ils rencontrent, comme la saisonnalité, la réglementation ou encore leurs relations avec les transformateurs.
Du côté des transformateurs, l’enjeu sera de partager leur vision du marché et les avantages des algues sur leur secteur d’activité, mais également d’évoquer leurs contraintes : logistiques, stockage, ou encore les difficultés liées aux variations de quantité et de qualité des algues selon les saisons.
Enfin, il ne faut pas oublier tous les autres acteurs qui ne sont pas encore identifiés mais qui, à terme, pourraient apporter des réponses utiles à certaines problématiques de la filière.
Qui sont les autres partenaires ? Comment se fera la collaboration ?
Gorenka Bojadzija Savic :
Le consortium rassemble un mix transnational équilibré : clusters et réseaux d’entreprises, centres technologiques, organismes de recherche, PME/industriels et agences publiques en Espagne, Portugal, France et Irlande. Les partenaires principaux sont :
- BIOGA (Espagne) — cluster / association (partenaire coordinateur)
- ANFACO-CECOPESCA (Espagne) — centre technologique / interface recherche-industrie
- GLECEX (Espagne) — partenaire industriel / transformateur (applications cosmétiques)
- CATAA (Portugal) — centre technologique agroalimentaire
- WEDOTECH (Portugal) — cabinet-conseil technologique reconnu par l’Agence Nationale d’Innovation pour ses activités R&D techniques et scientifiques
- Biotech Santé Bretagne — BSB (France) — cluster régional d’innovation
- MTU — Munster Technological University (Irlande) — université / établissement de recherche
Les partenaires associés (soutiens, clusters, organismes publics et acteurs industriels) comprennent :
- ALGOLESKO (France — industrie/PME)
- VIRATEC — Clúster Galego de Solucións Ambientais e Economía Circular (Espagne — cluster)
- CAMPUS DO MAR (Espagne — réseau académique)
- CLUSTER ALGUES BRETAGNE (France — cluster)
- CSAVM (France — chambre professionnelle : Chambre Syndicale des Algues & Végétaux Marins)
- BLUEBIO ALLIANCE (Portugal — cluster/alliance)
- DOMUSVI (Espagne — entreprise/partie prenante)
- INOVCLUSTER (Portugal — cluster)
- NUTRAMARA (Irlande — industrie/PME)
- KERRY COUNTY COUNCIL (Irlande — collectivité locale)
- BIM (Bord Iascaigh Mhara — agence irlandaise de développement des pêches)
Ces partenaires associés sont des appuis essentiels à la bonne réalisation du projet.
La collaboration s’inscrit dans l’esprit des projets européens : échanges d’expériences, co-développement d’outils et de méthodes, et capitalisation collective des connaissances pour dépasser une chaîne de valeur fragmentée. Cette organisation garantit que les savoirs régionaux circulent entre partenaires, que les approches sont harmonisées et que les solutions efficaces peuvent être mises à l’échelle et reproduites dans l’ensemble de la zone atlantique.
Quel rôle jouera Biotech Santé Bretagne dans le projet ?
Dans Biochains Atlantic, BSB pilote le WP2 (développement des modèles de chaîne de valeur et de l’outil numérique), coordonne la cartographie des parties prenantes au niveau régional, contribue à l’analyse réglementaire, organise les journées thématiques et les événements de networking, et participe à l’animation du réseau d’acteurs locaux de la filière algues. BSB mettra en lumière les acteurs bretons au sein du réseau Atlantique, portera leurs besoins concrets et aidera à transformer les outils partagés en impacts locaux réels.
Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez :
- Gorenka Bojadzija Savic, Chargée de développement et projets européens – Innovation Biotech : gorenka@biotech-sante-bretagne.fr
- Stéphane Tarrade, Chargé de projets transformation des biomasses : stephane@biotech-sante-bretagne.fr
Publié le 28/10/2025