La jeune startup Oktoscience développe un dispositif médical intelligent de neurostimulation permettant de restaurer l’activité du système nerveux. Elle a été créée en 2025 par Charlotte Douard – biologiste, spécialiste de propriété intellectuelle – et Alfredo Hernandez, Directeur de Recherche INSERM, responsable de l’équipe de recherche SEPIA du LTSI UMR1099 et expert du traitement de signal électrophysiologique et de l’analyse de données médicales massives. Leur collaboration démarre dans la volonté commune de transformer une expertise née dans le domaine des implants cardiaques, puis appliquée à la neurostimulation, en une solution concrète pour des millions de patients souffrant d’épilepsie.

Un échec du traitement chez 30% des épileptiques
« Les médicaments ne marchent pas pour tous et la chirurgie, même si elle est curative, n’est envisageable que pour une minorité. Pour la majorité restante, la neurostimulation du nerf vague est souvent la dernière option, mais elle reste empirique avec un paramétrage manuel de l’intensité de la stimulation, de sa durée… Ce paramétrage peut durer entre 12 et 24 mois et, à l’issue, les chances de succès ne dépassent guère les 50% », explique Charlotte Douard, CEO d’Oktoscience. La startup ambitionne de repenser radicalement le paramétrage de la stimulation nerveuse pour maximiser les résultats et personnaliser la thérapie pour chaque patient.
La neurostimulation personnalisée pour les patients
« Notre technologie, développée en partenariat avec le laboratoire LTSI, est capable d’optimiser le paramétrage de la neurostimulation pour chaque patient. L’innovation repose sur des algorithmes avancés : ceux-ci sélectionnent intelligemment, parmi des millions de combinaisons possibles, les bons paramètres à tester, sans avoir à tout expérimenter chez chaque patient. Nous élaborons pour chacun une carte de réponse individuelle qui guide la stimulation optimale, économisant ainsi du temps, de l’énergie et maximisant les chances de réussite thérapeutique. Toute la force du dispositif repose sur cette adaptation intelligente, validée d’abord sur modèles mathématiques puis sur modèles précliniques, pour garantir une personnalisation impossible jusque-là. L’implant Oktoscience sera à l’avenir communicant, capable d’envoyer ses données sur des serveurs médicaux afin de détecter à distance une anomalie ou une baisse d’efficacité. C’est une véritable révolution dans le suivi des patients » détaille Charlotte Douard.
Oktoscience a déjà franchi le stade du prototype fonctionnel, validé en étude préclinique. La prochaine étape, cruciale, consiste à tester la technologie sur des modèles épileptiques afin de démontrer son bénéfice spécifique. La société ambitionne, après cette phase de deux ans, de développer le dispositif final implantable chez l’humain et d’ouvrir la voie à des essais cliniques, avec un objectif de mise sur le marché vers 2032.
Une levée de fonds en cours pour développer la solution d’Oktoscience
Pour développer sa solution, Oktoscience s’appuie sur un modèle économique ouvert, reposant à terme sur le remboursement du dispositif par les systèmes de santé, à l’image des implants déjà utilisés en Europe et aux États-Unis. L’entreprise escompte un chiffre d’affaires potentiel d’une centaine de millions d’euros dès la troisième année de commercialisation. Mais le chemin pour y parvenir requiert de lever de substantiels financements pour traverser les étapes réglementaires et technologiques.
Jusqu’ici, Oktoscience a fonctionné grâce à l’investissement des fondateurs, au soutien de la SATT Ouest Valorisation, et à plusieurs dispositifs régionaux et Prix d’accompagnement. Elle est également lauréate du concours iLab 2024, dont les subventions cofinanceront les prochaines étapes du projet. Aujourd’hui, pour poursuivre son développement, la startup lance une campagne de financement participatif sur Sowefund, visant un objectif minimum de 180 000 €, intégrée à un besoin global de 1,5 million d’euros pour financer les deux ans d’études précliniques sur l’épilepsie. « Ces fonds sont essentiels pour optimiser nos prototypes, affiner l’électronique embarquée, sélectionner les capteurs et garantir l’efficacité de la solution. Dans deux ans, l’enjeu sera de lever pour développer la version implantable chez l’humain du dispositif afin de préparer les essais cliniques » explique Charlotte Douard.
Oktoscience anticipe aussi un déploiement vers d’autres indications médicales (dépression, AVC, maladies inflammatoires) où la stimulation du nerf vague montre d’ores et déjà toute son utilité.
Sources : Oktoscience – Maddyness
Publié le 11/12/2025