Retour sur les rencontres NAM2S 2025 – Nutrition santé et planète : repenser nos systèmes alimentaires et comportementaux

Les Rencontres NAM2S 2025 (Nutrition, Alimentation, Métabolisme, Sport et Santé), organisées par le GIS NAM2S avec le soutien de Biotech Santé Bretagne, ont réuni à Rennes le 4 novembre près de 200 chercheurs, acteurs économiques, étudiants et institutionnels autour du thème : « Nutrition santé et planète ». Cette 11e édition de l’événement a mis en lumière les nécessaires transitions de nos systèmes de production et de consommation alimentaire, dans un contexte de réchauffement climatique, d’urbanisation croissante et de pression environnementale accrue.

Dans son mot d’accueil, Éric Hitti, vice-président du conseil d’administration de l’Université de Rennes en charge du développement durable et de la responsabilité sociétale, a rappelé que le Groupement d’intérêt Scientifique (GIS) NAM2S fédère une communauté scientifique pluridisciplinaire tournée vers l’action : « Aujourd’hui, nous réfléchissons aux transitions essentielles pour produire et consommer autrement, en conciliant santé humaine, sécurité alimentaire et protection de l’environnement. »

Comprendre les transitions alimentaires

La conférence introductive de Gilles Trystram, directeur du Génopole, a dressé un panorama des mutations en cours dans le secteur agroalimentaire. Les transitions sont multiples : nutritionnelle, urbaine, agricole, comportementale et numérique. Face à ces évolutions, il souligne la nécessité d’une approche systémique :

« Pendant cinquante ans, nous avons réduit la diversité des matières premières agricoles pour accroître la productivité. Aujourd’hui, il faut réinventer cette diversité, par les procédés de production et de transformation. »

La durabilité alimentaire, selon lui, doit articuler nutrition, environnement, acceptabilité socioculturelle et valeur économique, tout en intégrant la question de la gouvernance des filières. De nouvelles voies technologiques émergent (biotech verte, protéines d’insectes, , agriculture cellulaire dont la fermentation de précision, etc.) mais leur comparaison environnementale avec les voies de productions actuelles reste complexe et incertaine. Gilles Trystram a conclu sur deux leviers majeurs : une évolution de la demande (préférences des consommateurs) et une évolution de l’offre (adaptation industrielle et réglementaire).

Produire autrement pour une santé globale

Solen Leherissey (Vegepolys Valley) et Céline Baty-Julien (Vegenov) ont présenté le projet CLIMATVEG, dédié à l’adaptation des cultures face au réchauffement climatique. Sélection variétale, biostimulations, pratiques culturales plus sobres en eau ou diversification des productions (vanille, thé) sont autant de leviers pour sécuriser la production et favoriser une consommation locale.

Fanny Guyomarc’h et Valérie Gagnaire (UMR Science et technologie du lait et de l’œuf, Inrae) ont exploré l’innovation autour de la fermentation de mixtes lait-légumineuses, pour rééquilibrer l’apport en protéines animales et végétales dans notre alimentation de tous les jours. Les bactéries lactiques jouent ici un rôle clé pour créer des aliments fermentés à la fois sûrs, nutritifs et sensoriellement attractifs. L’acceptabilité par les consommateurs reste un enjeu central de cette transition.

Vers des comportements soutenables

Pauline Caille (Université de Rennes 2) a questionné la compatibilité entre activité physique et réchauffement climatique. À mesure que les températures augmentent, la performance sportive se dégrade et la motivation diminue. Les adaptations, qu’elles soient logistiques, physiologiques ou psychologiques, devront s’accompagner d’actions sur les causes du dérèglement. Elle souligne aussi l’impact alimentaire : les sportifs, en consommant davantage de protéines animales, ont une empreinte carbone accrue. « Remplacer partiellement la viande par des sources végétales pourrait réduire jusqu’à 50 % les émissions, sans altérer la performance physique », selon ses recherches.

Mylène Guiho (CHU de Rennes) a présenté les avancées thérapeutiques autour des analogues du GLP-1, molécules agissant sur la régulation du comportement alimentaire et du poids dans l’obésité. Ces traitements pharmacologiques nécessitent toutefois une approche globale intégrant les dimensions biologiques, psychologiques, sociales et culturelles du comportement alimentaire. En effet, la prise seul de ces analogues est voué à l’échec en l’absence d’accompagnement personnalisé (diététicien, psychologue…).

Les milieux extrêmes sont des sources d’enseignements pour aller vers l’alimentation santé de demain

Lors de son intervention, Guillemette Gauquelin-Koch, responsable des sciences du vivant au CNES, a montré comment la recherche spatiale éclaire la santé humaine. Le confinement, la microgravité et l’inactivité des missions spatiales constituent des modèles pertinents pour étudier la sédentarité de la population en général. L’exercice physique reste la contre-mesure principale, mais la nutrition joue aussi un rôle majeur : maintien de la santé, bien-être psychosocial, prévention des pertes musculaires et osseuses.
Le CNES collabore notamment avec la société bretonne Hénaff et le groupe Ducasse pour concevoir des repas adaptés aux astronautes.

Enfin, Jérôme Sinquin, chef du service de santé des Forces sous-marines, a partagé son expérience des milieux confinés. Dans les sous-marins français, l’alimentation a une valeur sociale et psychologique essentielle. Elle structure la vie à bord et contribue à la cohésion de l’équipage.
Des dispositifs de suivi médical, diététique et psychologique complètent la prévention des effets de la sédentarité, tandis que l’activité physique reste un levier majeur de bien-être et de vigilance.

Une action collective pour innover vers un système alimentaire soutenable

Au fil des interventions entendues sur l’événement NAM2S 2025, on peut confirmer la nécessité d’un dialogue entre sciences, industrie et société pour accompagner les transitions nutritionnelles et comportementales. De la recherche fondamentale à l’innovation appliquée, l’ensemble des acteurs ont appelé à des solutions intégrées, conciliant santé humaine, durabilité environnementale et acceptabilité sociale – trois piliers indissociables d’un avenir alimentaire soutenable.

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  • François Baglinière, chargé de projets agro-industrie : francois@biotech-sante-bretagne.fr
  • Régine Brielle, chargée de projets nutrition-santé et prévention : regine@biotech-sante-bretagne.fr

Publié le 06/11/2025

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