[Actu adhérent] Des matériaux biosourcés et géosourcés au service d’un habitat durable

L’entreprise Kellig Emren, implantée dans le Morbihan, développe des matériaux de construction (blocs de béton végétal) biosourcés et géosourcés à destination de la rénovation du bâti ancien et de la construction neuve, notamment bois. L’enjeu est double : améliorer la performance énergétique des bâtiments tout en respectant la santé des habitants et les ressources planétaires.

Rencontre avec Alexandre Pointet et Éric Le Dévéhat, dirigeants de l’entreprise Kellig Emren, engagée pour une construction responsable, locale et réversible.

Repenser l’isolation : la force du béton végétal

Au cœur de leur démarche, un béton végétal innovant composé d’un granulat végétal (l’entreprise utilise le miscanthus) et d’un liant à base d’argile locale et de chaux. Ce matériau perspirant régule naturellement l’humidité, offre un confort thermique optimal, tant en hiver qu’en été, et se distingue des isolants conventionnels par son faible impact écologique. « C’est un matériau sain, réversible : en cas de rénovation future, on peut le broyer et réutiliser la matière pour reformer un mur », explique Alexandre Pointet. « Il n’endette pas les générations futures. ».

Une histoire née sur le terrain

De 2009 à 2012, Alexandre Pointet, alors jeune ingénieur alternant, acquiert sa première expérience en conception de machine dans une entreprise spécialisée en béton de chanvre. En 2018, il rachète une machine à cette entreprise, et créé KELLIG EMREN. A partir de 2019, il conçoit et brevète une nouvelle machine, plus compacte, cinq fois plus productive et capable de s’ajuster aux ressources locales. Une approche que l’entreprise qualifie de « R&D dynamique », au plus proche de l’économie des territoires.

Le territoire ne disposant pas de l’outil industriel de défibrage de chanvre, il se tourne vers une autre plante, le miscanthus, cultivée dans un rayon de 5 à 40 km de l’atelier. C’est également à cette période qu’il commence à intégrer dans ses formulations l’argile locale, ressource abondante mais peu valorisée. « L’argile représente 800 000 tonnes de déchets par an en Bretagne » précise-t-il.

En 2024, Alexandre est rejoint par Éric Le Dévéhat en tant qu’associé, pour accompagner le développement stratégique et industriel de KELLIG EMREN.

Une production locale au service des territoires

Aujourd’hui, l’entreprise a déjà réalisé plus de 60 chantiers et a produit 2 400 m² de blocs de béton végétal. Les blocs VÉGÉO, dotés de rainures-languettes, sont conçus pour faciliter la pose, aussi bien pour des professionnels que pour des auto-constructeurs.

Mais l’ambition va plus loin : KELLIG EMREN veut dupliquer ses machines dans d’autres régions afin de permettre à chaque territoire de produire localement ses propres matériaux, à partir de ses ressources naturelles. « C’est une économie de la fonctionnalité : on fournit l’outil, les savoir-faire, et chaque territoire peut adapter les formulations selon ses végétaux disponibles. » À l’opposé d’une logique de standardisation, KELLIG EMREN mise sur un portefeuille large de solutions végétales : anas de lin dans le Nord, paille de riz ou lavande dans le Sud-Est, balle de riz, cosse de sarrasin, moelle de tournesol, typha ou encore bagasse de canne à sucre…

Une vision low-tech, locale et souveraine

KELLIG EMREN revendique une approche low-tech, où les process sont simples, les matières peu transformées, et les savoir-faire intelligibles et transmissibles. Le but ? Rendre les territoires souverains dans leur acte de construire et rénover les logements, autant dans les formulations de leurs matériaux de construction que dans les outils de production.

Aujourd’hui, l’entreprise cherche à franchir un nouveau cap : développer une nouvelle machine de production et financer ses efforts de R&D, tout en sécurisant son approvisionnement en granulats végétaux.

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Publié le 16/05/2025

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